Le Film (1h32)

SYNOPSIS

Toulouse 2018-2019 : 12 gilets ou sympathisants nous racontent leur révolte en jaune. Chacun dévoile un aspect du mouvement : les débuts, les ronds-points, la convergence avec les écolos, le renfort des handicapés, les AG, les médics, les manifestations, les gaz, les coups, et même la prison. Posaient-ils les bonnes questions à voir la répression implacable dont ils furent l’objet ? Que l’on ait porté le gilet ou non, on découvrira dans ce film tout ce qui ne pouvait pas être raconté au journal du soir, des femmes et des hommes qui prennent conscience du mur qui nous attend. Qu’ont-t-ils gagné ? « On a redécouvert la vie » lâche un protagoniste. Qu’attend-ton pour faire pareil ?

 

Marc Khanne, en tant que réalisateur de ce film, quelle a été ta réaction au début du mouvement des Gilets jaunes ?

Au début, j’ai été surpris. Je devais me déplacer pour préparer un film sur un tout autre sujet et je n’ai pas vu ces blocages d’un très bon œil. En plus, les médias relayaient en boucle les violences à Paris ou ailleurs, et forcément ça interroge...

Mais sur le fond, j'étais quand même d'accord et intéressé avec les revendications. Je suis donc allé à la manifestation du 8 décembre 2018 qui coïncidait également avec la manif climat. Je n’avais jamais vu Toulouse dans cet état ! Ma famille a été gazée, ça pétait de partout et le soir il y avait des petits feux à tous les carrefours. Mes premières images datent de là. J'ai filmé mais je pensais encore que ça allait se terminer à Noël.

Quand janvier 2019 est arrivé et que j'ai vu que ça continuait, j'ai eu comme une petite voix dans la tête qui me disait que ça serait quand même bien d'aller voir se qui se passait vraiment. Je suis retourné filmer une manif, j'ai parlé avec du monde, et à partir de là c’était parti : c'est vraiment en allant voir directement que l'on peut se faire une opinion !

 

Beaucoup filmaient en live ou publiaient dans la foulée, toi tu voulais faire quoi ?

Au début je filmais sans trop savoir pourquoi. A la limite c'était comme des archives. Le live c'est pas mon truc et faire un montage chaque semaine, j'avais pas le temps.  Mais j’ai aussi vu qu’il était compliqué de traiter cette histoire dans un doc télé de 52 minutes. Alors j'ai cherché une autre forme : une série ? un Web-doc ? j'ai même pensé à de l'animation !

En même temps il y avait les infos montrant l’extrême droite, les débats sur les chaines d’info, la sortie d’autres films (ex : J’veux du soleil de Ruffin qui est sorti dès février 2019), la réticence des producteurs sans compter que chaque samedi tu pensais que tu avais mis en boite le bouquet final et que ça reprenait de plus belle le samedi suivant.

Ce qui m’a aidé à ne pas laisser tomber c’est la durée du mouvement, son impact sur la vie de centaines de milliers de personnes. Il me semblait injuste qu’il puisse être oublié, chassé en un claquement de doigt par l'arrivée du Covid. Alors je me suis lancé dans une série, et quand j'ai vu que ça dépassait 3 heures, je me suis dit "qui va regarder ça ?" Et là seulement je me suis résolu à tout remonter pour faire aussi un film de 1H30.

 

 

Et l’autoproduction ?

Il faut se rappeler de ses débuts : j’ai commencé mes premiers films sans rien demander à personne. Aujourd’hui, j'ai l’expérience et une caméra, aucune excuse pour ne pas tenter le coup !

Il faut dire qu’entre-temps le Covid était arrivé et qu'on ne pouvait plus sortir de chez soi. J'avais donc en plus du temps : J’ai regardé mes images, trié, noté, bref dérushé une centaine d’heures d'images et d'entretiens. Au troisième confinement j'ai commencé à construire la possibilité de douze épisodes thématiques, un beau chiffre.

Quant à l’autoproduction, elle s'est imposée faute de chaine régionale ou de producteur intéressé. Comme je n’avais pas filmé autant et fait de si belles rencontres pour laisser tout ça dans un placard, j'y suis allé seul.

 

L'autoproduction (suite)...

Ce n'était pas la première fois d'ailleurs. Avec l’explosion d’AZF (2001) qui a donné "Ce jour-là" puis la marée noire du Prestige en Galice (2002) qui a donné "La plage des volontaires", j'ai souvent commencé par instinct, en étant le seul au départ à croire à la possibilité d’un film.

Cela m'a d'ailleurs réussi : France 5 et Public Sénat ont par exemple diffusé en 2015 « Cherche Zone blanche désespérément » sur les personnes électrosensibles obligées de fuir les ondes de la téléphonie. Et l’histoire s’est répétée en 2019 avec « L’heure des loups », un sujet très clivant sur le retour des loups dans les milieux d’élevage et qui a été finalement pris sur Public sénat.

Chaque film est un pari, des fois c'est des années plus tard qu'il trouve un écho, et ce site est là pour aider à faire connaître tout ce travail.

"Bravo ! on est avec les personnages - un hymne contre l'individualisme - un rappel qi vaut vraiment la peine !" sont les premiers retours résumés de ce long métrage documentaire parti s’inscrire en festivals avant d’essayer d‘attirer l’attention d’autres diffuseurs.

« Votre film a été retenu comme véritable coup de cœur du festival » Le réel en vue - Thionville, 2022

«Nous avons beaucoup aimé votre film » Le Fifigrot (Festival du Film Grolandais) - Toulouse, 2022